02/12/2015

Qu’est-ce que le mécénat ?

C’est le soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou une personne pour l’exercice d’activités présentant un caractère d’intérêt général.
Concrètement, il s’agit d’un don en numéraire, en compétences, en nature ou en technologies au profit d’organismes ou d’œuvres d’intérêt général.

Les secteurs d’intervention concernés sont la solidarité, la culture, l’environnement, le sport, la recherche.
Attention ! Le mécénat est différent du parrainage ou sponsoring qui est une démarche commerciale dont les retombées sont quantifiables et proportionnées à l’investissement initial.

UN PEU D’HISTOIRE
Les racines du mot « mécénat » nous ramènent à l’Empire romain. Gaius Maecenas fut l’ami et le conseiller de l’empereur Auguste. C’est grâce à lui et à son apport financier que les grands poètes de l’époque, Horace, Virgile et Properce, ont pu créer librement et sans se préoccuper de leur subsistance. Depuis le savoir-faire de Maecenas a fait école, et le mécénat a traversé les siècles et les pays. Aujourd’hui, le mécénat permet quasiment d’effectuer des analyses socio-économiques, car il est perçu d’une façon différente aux Etats-Unis, en Angleterre, dans les pays scandinaves, en Allemagne et en France.

LES DIFFÉRENTS TYPES DE MÉCÉNAT
Une entreprise mécéne, en tant que personne morale, agit dans un interêt autre que celui de sa propre exploitation, en apportant un soutien matériel à des activités présentant un but non lucratif.

Quand on pense au mécénat, on pense souvent à un don d’argent. Pourtant, il existe différente types de mécénats :

  • Le mécénat en numéraire : le plus pratiqué. Un mécène fait un don d’argent pour un projet.
  • Le mécénat en nature : il consiste à faire don de matériel neuf ou en stock (ex : un local, du matériel d’éclairage, un ordinateur…)
  • Le mécénat de compétences : c’est lorsque l’entreprise (le donateur) met à disposition un salarié ou son savoir-faire pour une action spécifique (ex : une entreprise
  • peut autoriser que son salarié, avec son accord, passe 4h de son temps de travail par semaine pour gérer par exemple la comptabilité de l’association mécénée).

A noter : Il est parfois plus facile pour une entreprise de proposer du matériel ou de dégager du temps d’un salarié pour aider une association que de faire un don en numéraire. Aussi, quand on est porteur de projet, il est essentiel d’exprimer au plus près ses besoins et de chiffrer chaque poste, en identifiant ceux où l’on pourrait recourir à du mécénat de compétences ou en nature.

LE MÉCÉNAT D’ENTREPRISE
Né en France à la fin des années soixante-dix, le mécénat d’entreprise apporte des fonds privés à la vie culturelle, mais aussi au monde de la solidarité sous toutes ses formes. Cette forme de mécénat s’inscrit dans la modernité. Certes, au temps de la Renaissance italienne a-t-on vu des banques comme le Monte dei Paschi de Sienne soutenir des artistes et leur commander des œuvres, ou des corporations médiévales financer des chapelles ou des vitraux, comme les syndics des drapiers de Hollande se faire portraiturer par Rembrandt. Mais pendant des siècles, le mécénat des grandes fortunes, qu’elles fussent nobiliaires, financières ou industrielles, fut un mécénat patrimonial, c’est-à-dire un prélèvement libre effectué sur le patrimoine de personnes physiques. On entend par là que ce sont des familles qui ont choisi de consacrer tout ou partie de leur fortune au soutien des arts et lettres, ainsi qu’à la bienfaisance sous toutes ses formes. Même aux Etats-Unis, le mécénat des Rockefeller, Ford et Mellon eut, à travers leurs fondations, ce caractère. C’est seulement dans la seconde moitié du XXe siècle qu’est apparu le mécénat d’entreprise proprement dit, qui est le fait, non de familles fortunées, mais de personnes morales à vocation industrielle ou commerciale.

En 2008 en France, les actions de mécénat des entreprises de plus de 20 salariés étaient évaluées à 2,5 milliards d’euros. Cette somme était répartie entre la culture (40 %), la solidarité (32 %), l’environnement (15 %), la recherche (9 %) et le sport (5 %). La part apportée par les entreprises à la culture (près d’un milliard d’euros) représente donc 44 % des contributions financières du ministère de la Culture en 2008.

Mécénat environnemental : Il se développe depuis les années 1990, notamment dans le cadre du verdissement des entreprises, avec des risques de greenwashing. Une Mission Mécénat d’Entreprise existe au ministère chargé de l’écologie, qui a publié un guide pratique, juridique et fiscal du mécénat environnemental a été publié par le Commissariat général au développement durable

A QUOI SERT DONC LE MECENAT D’ENTREPRISE ?
D’abord et avant tout à apporter des fonds à la vie culturelle, mais aussi au monde de la solidarité sous toutes ses formes, ainsi qu’à la recherche et à l’action en faveur de l’environnement, soit pour compléter des fonds publics, soit, plus encore, pour apporter un concours à des initiatives novatrices ou expérimentales ignorées, délaissées par la puissance publique ou qui n’ont pas encore atteint le degré de crédibilité ou de notoriété qui les rendrait éligibles aux aides publiques. C’est peut-être là que le mécénat atteint sa plus grande utilité sociale : donner une chance à des initiatives de terrain, qui ne sont pas sorties tout armées et financées de l’appareil d’Etat, mais de la sensibilité et de l’imagination d’artistes, de chercheurs, de médiateurs culturels ou sociaux qui trouvent dans certaines entreprises un soutien, et même une connivence, dans la prise de risque et le goût de l’innovation.

QUELS BENEFICES L’ENTREPRISE PEUT-ELLE EN RETIRER ?
Dans cette perspective, un mécénat bien compris ne se réduit pas à un flux financier ; il est, au sens fort du terme, un partenariat d’intérêt mutuel. Les « porteurs de projets » ont des mentalités, des sensibilités, des repères, des approches différents de ceux du monde des affaires. Dans un partenariat bien vécu, les gens d’entreprise apportent à leurs interlocuteurs un peu de leur rationalité scientifique et gestionnaire, tandis que ces derniers leur offrent un peu de leur utopie, de leur audace créatrice ou de leur expérience humaine.

Finalement, le bénéfice le plus grand que l’entreprise peut retirer d’une politique de mécénat active, si elle s’en donne les moyens, reste l’implication des ses salariés. La mise en valeur de l’entreprise, l’affirmation de son rôle d’acteur dans la société civile sont des moteurs de fierté et d’implication des salariés. Encore faut-il les intégrer à ses actions en les consultants, leur offrants la possibilité de soumettre des idées, de participer et en communiquant sur les retombées de leurs actions. Une façon de procéder que TOTAL a bien intégré puisque dans le cadre d’un partenariat avec la fondation du patrimoine, les salariés sont invités à proposer des lieux qui méritent d’être sauvegardés.

LES ENTREPRISES S’ENGAGENT DANS LE MECENAT POUR L’UNE DE SES CINQ RAISONS :

  • Forger ou renforcer l’identité de l’entreprise, avoir une démarche de communication originale
  • Participer à l’attractivité d’un territoire
  • Le goût personnel du dirigeant ou l’histoire de l’entreprise
  • Sensibiliser les collaborateurs à l’art, développer leur créativité, ou leur offrir un cadre de vie agréable
  • La possibilité de rencontrer ses paires, de tisser ou d’entretenir des liens business

Le mécénat n’est généralement pas un don sans contrepartie. Le mécène en attend un bénéfice en termes d’image et de reconnaissance. Le mécénat sert à façonner l’image du mécène souvent une entreprise ou une marque en soutenant des artistes ou des disciplines ciblées.

Cet aspect contraint l’entreprise à une certaine rigueur, pour ne pas être accusée de confondre mécénat et sponsoring. Cela n’empêche pas le mécénat de toucher également ce qui touche à la création et non uniquement aux artistes reconnus

Quelques exemples
Festival des Eurockéennes : En 2006 l’entreprise General Electric s’est associé aux Eurockéennes de Belfort pour permettre la rencontre du groupe Dionysos avec les musiciens de l’école nationale de musique de Belfort.

Musée du Louvre : L’entreprise Total a financé les travaux de restauration de la galerie d’Apollon. La galerie d’Apollon est une pièce du palais du Louvre, initiatrice du classicisme français tel qu’on le retrouve à Versailles.

La générosité ne se décrète pas. Mais la loi du 1er août 2003 la facilite
Depuis la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations, la France bénéficie d’une fiscalité attractive.

Les entreprises bénéficient :

  • d’une réduction d’impôt de 60% sur le montant de l’impôt sur les sociétés pour les dons affectés aux œuvres et organismes d’intérêt général, dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires avec possibilité de reporter l’excédent sur les cinq années
  • de contreparties possibles en communication et relations publiques de la part de l’organisme bénéficiaire (dans une « disproportion marquée » avec le montant du don)

Pour les particuliers, la réduction d’impôts est égale à 66 % des sommes versées dans la limite de 20% du revenu imposable.

Pour l’entreprise, la démarche de mécénat est simple à mettre en œuvre, en respectant ces règles :

  • s’assurer que le bénéficiaire est éligible au mécénat (rescrit fiscal)
  • établir une convention de mécénat afin de fixer les engagements réciproques
  • demander au bénéficiaire un reçu fiscal de don aux œuvres à joindre à sa déclaration fiscale (Cerfa n° 11580*02)

Enfin, le mécénat, dans ses formes les plus ambitieuses, a conduit les entreprises à relever des défis technologiques inédits, qu’il s’agisse d’archéologie, de mise en valeur du patrimoine ou des formes les plus sophistiquées d’une création artistique qui fait de plus en plus appel aux technologies de pointe.
On voit par là que le mécénat, loin d’être un luxe ou un divertissement, est pour l’entreprise un moyen d’innover et de se dépasser, à la fois dans son intérêt bien compris et pour le bien commun.

 

Sources : journaldunet.com, culturecommunication.gouv.fr, constructif.fr, e-mecenes.com, cci.fr

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